Dossier - La sorcière dans l'histoire de l'art
(A la toute fin vous trouverez une version écrite sans les images, pour que vous puissiez copier coller comme ça vous chante. Après tout, ce blog est fait pour ça !)
Version écrite sans images pour pouvoir copier coller (oui oui):
Sommaire :
Pages 1-2 Les origines de la sorciere :
Definition
Pages 3-9 Représentation de la sorciere
- Ses accessoires
Pages 10-15 L’Inquisition
ou la grande chasse aux sorcières
Page 16 Halloween
Pages 17-29 Des sorcieres connues
au fil de l’histoire
Pages 30-34 Les sorcières dans les contes et légendes
Pages 35-41 Sorcières contemporaines
Page 42 La sorciere 2.0
(illustration)
Références utilisées pour ce dossier : «La sorcière» de Michelet; «Le livre noir de l’Inquisition» de Natale Benazzi et Matteo D’Amico; «La grande chasse aux sorcières» de Brian P. Levack; «Le livre des créatures» de Nadja; «Halloween» de Patrick Jézéquel et Jean-Baptiste Monge; «Gargouilles, sorcières et compagnie» de Elzbieta; «Grimoire de sorcières» de Benjamin Lacombe et Sébastien Perez; «Encyclopédie du fantastique et de l’étrange» de Béatrice Bottet.
Les origines de la sorciere :
Definition
«Femme qui a fait un pacte avec le Diable pour avoir des pouvoirs maléfiques. Elle peut vous faire mourir par sortilège, vous transformer en animal ou vous transporter à n’importe qu’elle distance. Elle connaît des potions magiques qu’elle fait bouillir en invoquant le diable. Certains jours, elle sort par la cheminée sur un balai et s’envole pour rejoindre d’autres sorcières dans les landes ou les clairières. Elles dansent follement toute la nuit, mangent des vers et des crapauds, chantent des chants horribles en l’honneur de leur maître diabolique.»
« Les sorcières habitent souvent des maisons hantées pour se sentir moins seules. Ce sont des logis ou ont eu lieu jadis des drames épouvantables. On y entend des cris étranges, des soupirs, des gargouillis, des clameurs et des craquements. Les fantômes aiment raconter aux sorcières ces malheurs d’antan».
La sorcière fut autrefois le symbole de la femme parfaite, réunissant en une même personne Aphrodite -déesse grecque de l’Amour et de la Beauté -, Circé - magicienne qui métamorphosa les compagnons d’Ulysse en pourceaux dans l’Odyssée d’Homère - et Cassandre - qui reçut d’Apollon le don de prédire l’avenir.
Puis, sous la pression des prêtres catholiques et des juges de l’Inquisition, elle s’est vue capturée, calomniée et brûlée. Devenue alors l’incarnation du mal absolu et de la laideur, la sorcière «attire la souffrance, la peur, la haine ; elle n’est plus un être vivant appartenant à une communauté mais l’expression, la cause du malheur qui s’abat sur chacun».
Si selon Jules Michelet «L’unique médecin du peuple, pendant mille ans, fut la sorcière», elle est avant tout perçue comme une jeteuse de sorts, une empoisonneuse, une avorteuse ...
Les quinze crimes dont les sorcières étaient coupables selon Jean Bodin, démonologue et juriste du 16ème siècle, sont les suivants :
-Elles renient Dieu;
-Elles blasphèment Dieu;
-Elles adorent le diable;
-Elles vouent leurs enfants au diable;
-Elles sacrifient leurs enfants au diable avant qu’ils ne soient baptisés;
-Elles consacrent leurs enfants à Satan dès le ventre de la mère;
-Elles promettent au diable d’attirer tous ceux qu’elles pourront à son service;
-Elles se nourrissent de chair humaine, de pendus ou de frais cadavres;
-Elles jurent par le nom du démon;
-Elles ne respectent aucune loi;
-Elles commettent des incestes;
-Elles tuent des gens, les font bouillir et les mangent;
-Elles font mourir les gens par poison et par sortilèges;
-Elles font périr les fruits et causent la stérélité;
-Elles se font esclaves du diable et copulent avec lui.
Représentations de la sorcières
L’imaginaire autour de la sorcière :
Vivant dans la plus grande misère et en retrait du village, la sorcière est rejetée. Haïssant tout ce qui peut nuire à sa tranquillité et son isolement, elle traque et persécute ceux qui empiètent sur son territoire.
La sorcière Kacinka, en Moravie orientale, s’improvise garde-chasse : si elle surprend des braconniers en train d’installer des pièges dans «sa» forêt, elle leur coupe les talons. Selon des témoignages slovaques, cette grosse femme aux pieds d’oie et aux longs cheveux noirs brutalise les garnements avec son manche à balai jusqu’à ce qu’ils tombent à terre.
Les sorcières auraient leurs petites habitudes :
Elles entrent toujours dans une maison par la fenêtre et la quittent par la cheminée. Elles ne mangent jamais de chair humaine crue mais très cuite, voire bouillie et elles bannissent le sel de leur alimentation, ce condiment ayant des propriétés exorcistes. Des ossements humains, des peaux de crapaud séchées et des yeux de chouette vitrifiés leurs servent à fabriquer leurs bijoux. A l’aide de minces cordes multicolores, comprenant neuf noeuds de plumes, elles fabriquent une guirlande qui sert à leurs incantations maléfiques. On rapporte qu’elles collectionnent des petites figurines en terre cuite, à l’effigie des enfants qu’elles ont capturés, mis en cage puis transformés en crapaud, en corbeau ou en pierre ! Elles cultivent également des plantes venimeuses dans leur potager.
Pour conjurer le sort lancé par une de ces horribles sorcières, il faut promptement exécuter le miraculeux geste qui est de tendre le bras et la main vers la sorcière, avec le majeur et l’annulaire repliés en rejoignant le pouce, l’index et l’auriculaire pointés en avant.
Lui faire les cornes avec les doigts est un autre moyen très répandu en Italie et en France.
Enfin, si une sorcière vous frappe sur l’épaule, il faut se taper illico sur la tête ; par contre, si elle vous frappe sur la tête, il est vivement conseillé d’élever les mains et de l’une frapper l’autre. Le charme sera ainsi rompu !
D’antiques grimoires couverts de poussière emplis de mille formules et d’obscures incantations permettent à la sorcière d’ensorceler les hommes, les animaux ou les objets. Par le charme de conjurations maléfiques, elle peut métamorphoser, rendre infirme ou réduire à néant. En se concentrant, il lui arrive même de tuer d’un simple regard, d’ou l’expression «avoir le mauvais oeil».
Pour appeler le Diable, elle trace un cercle sur le sol et se place à l’intérieur. Satan accourt immédiatement.
Elle utilise, pour la préparation de ses philtres et onguents, des extraits de belladone - plante toxique qui entraîne vertiges et hallucinations -, de jusquiame, de ciguë, de stramoine... La mandragore reste la plante la plus utilisée, en raison de ses puissantes propriétés narcotiques, hallucinogènes et aphrodisiaques. Liée à la divination, celle-ci pousse au pied des gibets et naît du sperme et de l’urine des pendus.
Les sorcières font grand usage des corps de pendus : la graisse soigne les douleurs ; la chair, une fois bouillie, entre dans la composition du «bouillon du Sabbat» et procure des pouvoirs magiques ; les cheveux, mélangés à du venin et à de la bave de crapaud, produisent un effet d’invisibilité. Les boyaux putréfiés, auxquels viennent s’ajouter nez et doigts pilés, sont séchés et réduits en poudre. Quant aux dents, os et crânes, ils possèdent des propriétés thérapeutiques diverses.
Si le nombre de pendus ne répond pas suffisamment à leurs besoins, elles déterrent les cadavres dans les cimetières.
Les animaux :
Dans ses méfaits et gestes, la vielle mégère est secondée par de fidèles acolytes, appelés «les serviteurs de l’enfer». On raconte qu’elle les «nourrit ponctuellement de quelques gouttes de son sang pour les garder sous sa dépendance». Ces serviteurs peuvent être une taupe, une souris, un lièvre... Un corbeau espionne et vole pour elle ; une araignée, cachée derrière l’oreille, lui susurre secrets et conseils ; un chat noir aux perçants yeux verts lui rappelle son alliance avec Satan, tandis qu’un crapaud habillé de velours et de clochettes la suit partout et s’introduit là ou elle ne peut aller.
Mais la sorcière est également accompagnée de tout un bestiaire imaginaire et horrifique. Ainsi elle rejoins la ronde des lutins, des vampires, des géants, des centaures, des croques-mitaine, des dragons, des fantômes, des farfadets, des fées, des feux-follets, des harpies, des loups-garous, des licornes, des ogres, des sirènes, des trolls, des dryades et maintes et maintes autres créatures, pour ne citer que celles appartenant à l’imaginaire occidental.
Noir : S’il est une couleur liée à la sorcellerie, c’est bien le noir. Dans un messe noire, les cierges, la nappe d’autel et les chasubles des prêtres sont noirs. Pour leur part, les animaux noirs sont réputés être voués au Diable ou entretenir commerce avec lui, à commencer par les chats noirs des sorcières. Mais on égorge aussi des poules noires pour faire venir le Malin, on utilise un chien noir pour trouver une mandragore, et on se méfie comme de la peste de tout oiseau noir (merle, corbeau), dit «oiseaux de malheurs».
Les objets et accéssoires :
La légende rapporte que c’est le diable qui lui remet un balai, lors de son premier sabbat. Le plus souvent en rameaux de genêt, il est méticuleusement enduit d’un onguent et agrémenté d’une chandelle. C’est le balai qui nettoie tout seul la maison de la cruelle et paresseuse harpie. Que la sorcière soit dans sa misérable cahute à concocter quelque maléfice ou qu’elle soit au Sabbat, le balai et le chaudron sont présents. Dans ce dernier, elle concocte des mixtures longuement préparées, des onguents savamment dosés et autres philtres et poisons.
Baba Yaga, l’extravagante sorcière russe qui habite une petite maison montée sur des pattes de poule, voyage toujours dans son chaudron volant, bien plus confortable à son goût qu’un vulgaire manche à balai.
Pour s’envoler dans les airs, la sorcière s’enduit le corps d’un onguent spécifique, une sorte de substance hallucinogène et stupéfiante. Elle entre alors dans une catalepsie qui la met en transe. Elle s’installe à califourchon sur un balai, un bouc, un loup ou une fourche et, avec l’appui d’une formule magique, elle vole vers des contrées extraordinaires...
En Allemagne, c’est toute nue et à cheval sur un râteau que la Hexe se rend au sommet du Brocken, là ou se tient le plus grand Sabbat du pays.
La sorcière italienne, «la Befana», qui joue le rôle du Père Noël mais emporte chez elle les enfants désobéissants, se déplace toujours sur le dos d’une truie.
Mais pourquoi cet objet qu’est le balai est-il devenu, dans l'imaginaire collectif, l'attribut principal de ces jeteuses de sorts ? Réponse : à cause du pain.
En Europe, du Moyen Âge jusqu'à la Renaissance, cet aliment était la plupart du temps fabriqué avec du seigle. Or, le seigle peut contenir de l'ergot, un champignon mortel à haute dose. En petite quantité, l'ergot est aussi un puissant hallucinatoire. Du XIVe au XVIIe siècle, des écrits rapportent les "crises de folie" de personnes dansant dans la rue la bave aux lèvres, jusqu'à tomber d'épuisement. De retour à leur état normal, ils décrivaient les visions psychédéliques accompagnant leur délire passager. Bien plus tard, au XXe siècle, le chimiste suisse Albert Hofmann réalisa l'étendue des effets du LSD en étudiant l'ergot. Petit à petit, le gens ont commencé à utiliser l'ergot, non plus pour faire du pain, mais pour ses propriétés hallucinogènes. Ainsi, au XVIe siècle, Andrés de Laguna, expert médical d'un tribunal espagnol, a raconté avoir confisqué à un couple "un pot rempli d'une pommade verte [...] composée d'herbes comme la ciguë, la belladone, la morelle et la mandragore". Ce couple a ensuite été accusé de sorcellerie. Et les balais dans tout ça ? Pour bien planer, les consommateurs d'ergot ne pouvaient pas simplement ingérer la drogue : par voie orale, ce champignon peut provoquer vomissements et irritations de la peau. Par voie cutanée, en revanche, ces effets indésirables disparaissent. Le plus "commode" restait donc d'absorber le produit par les glandes sudoripares des aisselles... et par les parties génitales. C'est là que le balai intervient, ou plutôt le manche du balai : pour aider à l'absorption du baume fait à base d'ergot... Bref, vous voyez l'idée.
Reste un point à éclaircir : pourquoi un balai volant ? Dans les rituels païens, cet objet était perçu comme un symbole d'équilibre entre l'homme (le manche, signe de virilité) et la femme (la brosse, le sexe féminin) - ce qui explique pourquoi, pendant très longtemps, cet outil était présent pendant les mariages. L'explication la plus probable est sans doute que les gens utilisaient leur balai, quand ils se droguaient, pour voler, dans le sens de planer. En 1976, la psychologue Linnda Caporael a émis l'hypothèse selon laquelle le Massachusetts avait été victime d'une "épidémie" d'ergotisme à la toute fin du XVIIe siècle. L'épicentre de cette pandémie ? Salem...
Dans l’imagerie traditionnelle, les sorcières sont presque toujours coiffées : petit bonnet de coton, long voile qui leur dissimule le visage et, bien souvent, haut chapeau de feutre garni d’une boucle rectangulaire en argent. En fait, ce dernier couvre-chef est celui des femmes qui ont émigré en Amérique au XVIIe siècle, qui le portaient par-dessus un petit bonnet de toile. Les célèbres «sorcières de Salem», en Nouvelle-Angleterre, ne sortaient jamais sans leur grand chapeau noir.
Bien d’autres accéssoires accompagnes les sorcières dans l’imaginaire collectif : les baguettes pour jeter des sorts, les boules de cristal, les encens, les multiples bocaux remplis de bave de crapeaux et d’yeux de chouette...
Les Sabbats :
Certains mercredis et vendredis, vers dix heures du soir, une sourde agitation anime toutes les créatures diaboliques : les démons, les sorcières, les loups-garous et autres monstres viennent de recevoir l’Appel diabolique, les convoquant au Sabbat. A part eux, nul ne peut percevoir et déchiffrer ce message.
Les sorcières enfourchent leur balai, les loups-garous détalent ventre à terre à travers landes et forêts, les revenants s’affolent dans leurs tourbillons de poussière pour se rendre au plus vite au lieu sacré, qui se tient le plus souvent près d’un monument mégalithique ou d’une bâtisse en ruines. La, le diable, métamorphosé en bouc noir, les accueille entouré de tous ses démons. Lorsque chaque sorcière est venue embrasser le derrière du Grand Bouc, la cérémonie peut commencer. Cette célébration est une parodie de tous les usages sociaux : Satan y récompense les plus mauvais et punit les moins cruels.
La messe diabolique terminée, un banquet aux mets les plus immondes est servi : crapauds putrides, chair humaine ou animale avariée ; le sel et le vin sont bannis, puisque bénis par l’Eglise. Par contre, l’eau-de-vie coule à flots, on s’empiffre, on éructe et on mène grand chambard pendant que le diable assouvit tous ses fantasmes avec chacune des sorcières. Tous les vices humains et tous les interdits ont libre cours jusqu’à l’aube... Au chant du coq, il n’en restera plus aucune trace, chacun ayant regagné son repaire dans l’attente du prochain Appel.
Ces immenses assemblées trouveraient leur origine dans les Bacchanales païennes ou l’on invoquait Bacchus, appelé aussi Sabasius - d’ou le nom de Sabbat.
Les plus grands Sabbats de l’année se tiennent quatre fois l’an, les nuits du 2 février en hiver, au printemps dans la nuit du 30 avril au 1er mai, connue de tous les sorciers sous le nom de Nuit de Walpurgis, le 23 juin au solstice d’été, et en automne dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, date de l’ancienne fête celtique de Samain.
En France, ils ont lieu sur la plage d’Hendaye en Béarn, sur la lande de Carnac en Bretagne, sur la haute bruyère de Pra-Patris dans les Hautes-Alpes, près du temple de Mercure au sommet du Puy-de-Dôme en Auvergne, sur la lande de Méautis dans le Cotentin...
Chaque année, Louhi, sorcière finlandaise, dérobe le soleil et la lune, et les cache dans la montagne. Par ses maléfices, elle allonge ou raccourcit les jours à volonté, commande la pluie et le beau temps, déchaîne des ouragans sur les terres finnoises. Cependant, la sagesse de Vaïnamoïnen, le célèbre magicien à la barbe blanche et aux sourcils broussailleux est une protection efficace contre les caprices de Louhi.
Une religion proche des sorcières : La Wicca
Du vieil anglais wiccian, jeter un sort.
La Wicca est un mouvement religieux de nouvelle spiritualité, popularisé par le Britannique Gérald Gardner au début des années 1950. La Wicca est une forme de néopaganisme basée sur l'utilisation de la magie (blanche) et la sorcellerie dans le seul but de réaliser le bien. Elle s'est réappropriée d'anciennes croyances païennes remises au goût du jour. Le principe premier de la Wicca est la croyance en une énergie vitale, une force intérieure avec laquelle la magie permet d'entrée en contact.
Les wiccans ne croient ni au diable, ni au Dieu de la Bible, mais vénèrent la nature et reconnaissent le divin dans toute chose. Certains croient en une Déesse Mère et en un Dieu Cornu. Les séances de magie blanche sont souvent réalisées dans un état second de la conscience, obtenu par la méditation, la musique des tambours et, plus rarement, par l'utilisation d'hallucinogène.
Le mouvement Wicca n'est pas organisé comme une religion et n'a pas de clergé ni de dogmes. Cependant, selon leurs traditions, certains groupes disposent de Grand Prêtres, Grandes Prêtresses, Prêtres et Prêtresses, mais sans réel pouvoir de direction sur les fidèles. La majorité des Wicca est en accord total avec la science.
Le culte peut prendre des formes très variées, adaptées à chaque personne. Les Wiccans prônent la tolérance absolue en matière de croyances, mais témoignent d'une certaine animosité envers les religions du Livre et l'Eglise catholique en particulier en raison des persécutions de sorcières au Moyen Age.
Les hommes aussi :
Beaucoup moins nombreux que leurs homologues féminines, les sorciers savaient jeter des sorts, utiliser des herbes, obtenir par des moyens magiques ce que la nature ou l’intelligence humaine ne permet pas. On appelle aussi quelque fois sorciers des personnages qui, dans les civilisations primitives, sont en relation étroite avec les sources mêmes de la terre, ou de la vie, ou du mystère. Ceux-là portent aussi quelque fois également les noms de chamans, guérisseurs ou d’hommes de médecine. Ils soignent, guérissent, pratiquent des oracles, maîtrisent les secrets de la nature que personne d’autre ne connaît. On les craint, on redoute leurs pouvoirs mais, dans tous les cas, on respecte leur rôle et leur statut social, au point d’en faire parfois de véritables chefs.
La beauté : Statistiquement, la plupart des sorcières sont d’une grande laideur. Néanmoins, l’harmonie d’un visage ou l’élégance d’une silhouette ne protègent pas de tout soupçon. Bien des jolies jeunes femmes furent accusées d’être sorcières : en effet, une trop grande beauté et un air angélique ne peuvent venir que du Diable qui, par cet artifice, peut facilement faire tomber les hommes dans le péché !
L’Inquisition ou la grande chasse aux sorcières :
Jusqu’au XVIe siècle, l’Eglise et l’Université dénoncèrent la sorcellerie comme un tissu de superstitions et d’escroqueries, sans pour autant considérer que le Diable intervenait dans ces pratiques. A la Renaissance, cependant, on en vint à penser que la sorcellerie était une sorte de contre-religion dont la divinité, qu’il fallait adorer et à qui rendre hommage, était le Diable lui même. La religion satanique consistait à respecter Lucifer et à répandre son influence en toute circonstance, sans compter qu’il fallait aussi tourmenter les êtres humains par tous les moyens possibles : épidémies, catastrophes climatiques et autres mauvais sorts. Tant que le Diable n’intervenait pas, ce n’était pas bien grave. Mais à partir du moment ou l’on décréta que les sorcières étaient ses adeptes, il convenait de traquer celles-ci et de les punir, de les mettre hors d’état de nuire. Une longue chasse aux sorcières commença alors qui couvrit quasiment deux siècles, le XVIe et le XVIIe, dans toute l’Europe occidentale. Dans les sociétés rurales, on rend la sorcière coupable de tous les maux : sécheresse, inondations, grêle, épidémies, foudre, pourriture des vignes ou des céréales, stérilité du bétail...
Toutes suspectes :
La chasse aux sorcières fut une traque abominable et nulle femme ne fut à l’abri. Trop laide ou trop jolie, mauvaise chrétienne, mauvaise voisine, cueillant des plantes étranges, victime de coïncidences malheureuses... il suffisait de peu pour se voir dénoncée, donc interrogée. Un interrogatoire incluait presque toujours la torture, et qui dit torture dit aveu, et qui dit aveu dit condamnation et promesse de bûcher (en Angleterre cependant, les sorcières étaient pendues). Nombreux furent les chasseurs de sorcières à rédiger des ouvrages, relayés par l’imprimerie tout juste naissante, pour expliquer la manière de débusquer les sorcières, quelles sont leurs erreurs et leurs abominations, et comment en venir à bout. L’hystérie se répandit à grande vitesse et dura longtemps. Quand on sait que certains chasseurs recevaient une prime pour chaque sorcière exécutée et que les dénonciateurs héritaient des biens de la coupable, on se doute qu’il y eut beaucoup plus d’abus que d’honnêtes enquêtes !
Une sorcière est présumée récupérer d’immenses forces chaque fois qu’elle pose le pied (même chaussé) sur le sol, au point qu’elle pourrait échapper à ceux qui viennent l’arrêter. Cette particularité évoque celle du géant Antée, dans la mythologie grecque. Voilà pourquoi, lors des époques de chasse aux sorcières, on transportait sur le dos des gens d’armes toute sorcière présumée, pour la mener de sa maison jusqu’au lieu de son interrogatoire et de sa détention.
Comment affirmer sans risque d’erreur qu’une personne est une sorcière ? On l’installe sur le plateau d’une grande balance, et sur l’autre plateau on place une bible. En général, si la bible est plus lourde que la présumée sorcière, celle-ci est coupable ( en effet, le diable rend les sorcières légères pour qu’elles puissent s’envoler facilement sur leur balai). Si la bible est plus légère, l’accusée est innocente. Attention, dans certains cas, on inverse la règle : si la femme est plus lourde, c’est la faute du poids de ses péchés et elle est condamnée... On s’étonnera peut-être qu’on puisse comparer le poids d’une femme et celui d’un livre. Pourtant, ce genre de pratique a été fréquent. N’oublions pas qu’à la Renaissance, au plus fort de la chasse aux sorcières, les bibles sont énormes, parfois hautes d’un mètre, formées de pages de lourd parchemin (qui est de la peau de bête), garnies de couvertures de bois enrichies d’énormes ferrures ornementées.
On pouvait également reconnaître une sorcière grâce à d’autres indices :
Si la personne a conclu un pacte avec le Diable, elle n’aura pas d’ombre, sera incapable de pleurer et de faire couler de vraies larmes. Les sourcils rapprochés qui se rejoignent au-dessus du nez désignent à coup sûr un sorcier ou bien un loup-garou. S’il manque des grains à votre chapelet, ou pire encore, si la petite croix s’en est détachée, c’est à coup sûr que vous avez signé un pacte avec le Diable.
La potence, la roue ou le bûcher attendent la sorcière avérée. Mais il lui faut d’abord avouer la faute impardonnable : sa participation au sabbat. Sans aveu, impossible de condamner une personne au bûcher pour sorcellerie. Mais les juges de la chasse aux sorcières s’y connaissaient pour provoquer de tels aveux... Leurs moyens étaient de ceux auxquels il est difficile de résister. Hélas pour elle, si une sorcière présumée n’avouait pas, c’est que son maître le Diable lui avait accordé le «don de taciturnité». Donc elle était coupable. Et exécutée quand même !
L’expression courante «ça sent le soufre» signale qu’il y a une sorcière dans les environs ou que le Diable n’est pas loin. L’odeur écoeurante du soufre qui brûle, sa couleur jaune-vert (couleur réputée négative) montrent ses affinités avec les puissances du mal. Pourtant, le soufre est considéré par les alchimistes comme purificateur et il sert à la fabrication de l’or. Les sorcières conduites au bûcher avaient parfois la chemise enduite de soufre, tant pour les purifier du mal que pour les faire souffrir davantage.
Le contexte social :
Le sexe des sorcières :
Il semble qu’il y ait toujours eu davantage de sorcières que de sorciers. Du moins l’opinion des juges et autres démonologues fut toujours très claire et nette sur la femme en général et la sorcière en particulier. Un seul mot pour résumer leur sentiment : méfiance ! Tout d’abord, la femme est dangereuse parce que cela lui est naturel et elle ne pense qu’à faire le mal. De plus, on le sait depuis Eve au Paradis terrestre, elle est d’une grande faiblesse de caractère, sans volonté : le Diable a tôt fait de l’entraîner dans ses manigances, ce qui n’est pas le cas des hommes qui savent se détourner du Malin sans se laisser séduire par ses manoeuvres grossières. Pour les autorités religieuses de l’époque, la femme est tout naturellement tournée vers Satan et ses maléfices, elle ne demande qu’à se laisser convaincre de signer le pacte, puis ensuite de répandre le malheur. Et puis, en agissant aux deux extrémités de la vie, comme sages-femmes et comme veilleuses des morts (métiers que les hommes n’exercent pas), elles peuvent s’adonner à leur malfaisance naturelle en ces moments hors du commun que sont la naissance et la mort. Voilà pourquoi les comptes rendus des procès en sorcellerie, entre le XVe et le XVIIe siècle, attestent qu’il y eut bien plus de femmes condamnées et brûlées que d’hommes. Aujourd’hui encore, dans le folklore, les contes et les traditions comme Halloween, les sorcières forment le gros du bataillon !
Mais les hommes aussi :
Comme l’indique le tableau, le pourcentage de sorcières dépasse les 75% dans de nombreuses régions d’Europe tandis que dans certains territoires, comme le comté d’Essex, le diocèse de Bâle et le comté de Namur (dans l’actuelle Belgique), il dépasse même les 90%. Ces chiffres indiquent que la sorcellerie était un crime concernant surtout l’un des deux sexes, mais non pour autant un crime par nature féminin. Les femmes, en d’autres termes, étaient plus facilement suspectées et jugées pour sorcellerie du fait de leur sexe, mais elles n’avaient évidemment pas un véritable monopole naturel sur ce genre de crime. Il n’y avait strictement rien dans la définition de la sorcellerie qui excluait les hommes. Ceux-ci pouvaient très bien, comme les femmes, pratiquer la magie noire, faire des pactes avec le Diable et participer au sabbat. Dans quelques gravures du XVIe et du XVIIe siècle, spécialement celles qui illustrent le pacte avec le Diable, les sorciers sont autant représentés que les sorcières. Au cours de quelques chasses, le nombre des hommes jugés fut d’ailleurs égal ou même supérieur à celui des femmes.
Il n’y eut toutefois que peu d’affaires ou les hommes devinrent les cibles des accusations d’ensorcellement au même titre que les femmes. L’une d’elles eu lieu au cours de ces premiers procès pour sorcellerie qui étaient étroitement liés aux poursuites pour hérésie. William Monter a montré que dans la région du Jura, au XVe siècle, lorsque les procédures contre les sorciers se déroulèrent en même temps que celles dirigées contre le valdéisme, bien plus d’hommes que de femmes furent poursuivis. La raison en est que l’hérésie, à la différence de la sorcellerie, n’était pas généralement liée à un sexe particulier. Les femmes, il n’y a pas de doute, étaient fortement représentées dans les sectes hérétiques médiévales et y jouaient un rôle suffisament important pour qu’elles soient plus tard identifiées aux sorcières, mais les hommes étaient aussi présents et, de ce fait, purent très facilement aussi être suspectés de rapports avec cette nouvelle «hérésie» qu’était devenue la sorcellerie. Les hommes étaient aussi suscéptibles d’être poursuivis dans un autre cas : lorsque le crime de sorcellerie était mélé à la politique. Au cours du Moyen Age, certains hommes avaient effectivement pratiqué les sortilèges afin de favoriser leur propre fortune politique en recourant à des rituels magiques. Ce fut d’ailleurs en liaison avec ces pratiques que se développèrent de nombreuses croyances dans la sorcellerie. Au fur et à mesure que le magicien se transformait en sorcier, un changement de sexe et de condition sociale du criminel se produisait ; cette évolution n’était pas encore achevée au moment ou commença la grande chasse. De ce fait, pendant les premiers procès ou l’on évoqua aussi des activités de sorcellerie, on jugea davantage d’hommes que de femmes, contrairement à ce qui arriva ensuite lorsque cette persécution atteignit son apogée.
Une troisième circonstance qui conduisit à juger un nombre plus important de sorcières que de sorciers se produisait lorsque la chasse échappait à tout contrôle. Dans ce cas, assez peu fréquent, la réaction en chaîne des accusations et l’attitude hystérique de la population conduisaient à des dénonciations systématiques et indiscriminées. Le stéréotype de la sorcière ne fonctionnait plus vraiment et nombreux étaient ceux qui, quoique ne correspondant pas au modèle typique de la sorcière, finissaient par se retrouver parmi les accusés, y compris des gens de condition sociale élevée.
L’âge des sorcières :
Le stéréotype le plus commun de la sorcière - celui qui veut qu’elle soit une vielle femme - trouve son fondement dans les procès de l’époque moderne. Les rares données que nous possédons sur l’âge des sorcières, (voir tableau), indiquent que la grande majorité des sorcières avaient plus de cinquante ans, âge considéré, à l’époque, comme plus avancé qu’aujourd’hui. Il apparaît aussi que la sorcière-type avait un âge notablement supérieure à cinquante ans. Dans deux régions, Genève et le comté d’Essex, l’âge moyen des femmes accusées était en effet de soixante ans.
Il y a de nombreuses raisons à cet âge élevé. Pour commencer, les sorcières étaient en général jugées après des années de soupçons, par conséquent à un âge avancé. Comme on l’a vu, des sorcières étaient aussi sages-femmes et guérisseuses expérimentées dans les village, par conséquent elles étaient presque obligatoirement âgées. Une autre explication est que les vielles personnes, spécialement si elles sont séniles, manifestent souvent des signes d’excentricité ou ont des comportements asociaux qui tendent à irriter les voisins et à favoriser les accusations. Ces personnes âgées étaient sans doute aussi les plus disposées à confesser librement une activité diabolique, du fait même de leur sénilité. Comme disait le sceptique Cyrano de Bergerac, au milieu du XVIIe siècle :
« elle était vielle ; l’âge lui avait affaibli la raison. L’âge fait dire n’importe quoi ; elle inventa une histoire pour divertir les voisins. L’âge affaiblit la vue : elle changea un lièvre en chat. L’âge fait peur : elle pensa en voir cinquante au lieu d’en voir un ».
Ultime explication, les personnes âgées sont physiquement moins puissantes que les jeunes, plus enclines peut-être à recourir aux sorts comme moyen de protection et de vengeance. Les jeunes femmes, que l’art de la Renaissance représente souvent comme capables de violence, savaient sans doute se défendre contre leurs ennemis, tandis que les plus vielles se trouvaient contraintes d’user de la fragile autorité acquise en vertu de leur longévité et du présumé contrôle qu’elles exerçaient sur les forces occultes de la nature.
Condition matrimoniale des sorcières :
La condition matrimoniale des sorcières accusées variait grandement d’un lieu à l’autre, comme le montrent les données, assez peu nombreuses, du tableau. Dans bien des régions, cependant, le pourcentage de sorcières qui n’étaient pas mariées (c’est-à-dire veuves ou célibataires) semble avoir été proportionellement plus élevé que le pourcentage équivalent pour l’ensemble de la population féminine. Excepté à Bâle, en Ecosse ou en Nouvelle-Angleterre, les sorcières mariées ne constituaient jamais la majorité des accusées et dans certaines régions, comme dans le comté anglais du Kent ou dans la ville de Toul, en Lorraine, le pourcentage de femmes mariées était même singulièrement bas. Parmi ces sorcières non mariées, les veuves étaient les plus nombreuses, mais on ne peut pas ne pas tenir compte non plus des célibataires qui donnent quelque vérité au stéréotype de la sorcière européenne non mariée.
Il est difficile de préciser dans quelle mesure le célibat des sorcières les exposait davantage aux accusations. Peut-être les habitants des villages et des cités suspectaient-ils les veuves et les vielles filles surtout parce qu’elles étaient vielles et pauvres, plus que parce qu’elles vivaient seules. Il y a cependant quelques raisons de croire que la condition matrimoniale de nombreuses sorcières contribua, au moins indirectement à leur sort affreux. Dans une société patriarcale, la présence de ces femmes, qui n’étaient sujettes ni d’un père ni d’un mari, était une source de préoccupations, sinon de la peur, et il n’est pas déraisonnable de penser que les voisins qui les accusaient comme les autorités qui les jugeaient réagissaient simplement à une telle peur. Ces accusateurs, en outre, pouvaient en venir à penser que les femmes non mariées, étant donné leur âge, étaient davantage exposées à la séduction du Diable lorsqu’il apparaissait sous la forme d’un homme que celles qui avaient un époux.
Les sorcières de Salem, un cas à part :
Salem est une petite ville des Etats-Unis, peuplée de colons extrêmement puritains, d’une austérité à toute épreuve. Lors de l’affaire connue sous le nom des Sorcières de Salem, en 1692, une hystérie collective déclenchée par des jeunes filles «qui s’ennuyaient», comme elles le dirent elles-mêmes, fit croire à des actes de sorcellerie. Elles criaient et se tordaient comme si elles étaient possédées en présence de telle ou telle de leurs voisines. On arrêta les femmes qu’elles désignèrent comme sorcières, et plusieurs d’entre elles furent condamnées et exécutées.
Sorcellerie ? Pas du tout. Mais petites histoires, petites rancunes, accusations gratuites, jalousies, amertume, ennui, inconscience et cruauté débouchèrent sur cette cascade d’arrestations, dont une vingtaine de personnes firent les frais. De fait, toute la ville était obsédée par une prétendue pureté, et il en fallait peu pour être la cible des bien-pensants.
Ils furent soupçonnés d’avoir trempé dans la sorcellerie :
- Jeanne d’Arc (1412-1431) fut accusée par le tribunal d’être sorcière, d’avoir dansé dans sa jeunesse autour d’un «Arbre aux fées», de posséder une mandragore et d’entendre des voix qui n’étaient pas très catholiques. Ses juges la condamnèrent sur ces motifs bien plus que sur ses exploits militaires.
- Gilles de Rais (1400-1440), qui avait combattu aux côtés de Jeanne d’Arc, se livrait à la magie noire en égorgeant des enfants et fut condamné à mort et pendu pour cela.
- Catherine de Médicis (1519-1589), épouse du roi de France Henri II, était une experte en connaissances magiques et usait volontiers de poisons et de sorcellerie.
- Sous Louis XIII, le prêtre Urbain Grandier fut accusé d’avoir utilisé des sortilèges sur des religieuses et fut brûlé vif en 1634.
- La marquise de Montespan (1640-1707), maîtresse de Louis XIV, fit organiser des messes noires par une femme nommée La Voisin pour garder l’amour du Roi-Soleil et éloigner ses rivales.
Halloween
Halloween est un mot issu de l’anglais, c’est une contraction de la formule All the Saints’Eve, c’est à dire «veille du jour de tous les saints». La Toussaint se fêtant le 1er novembre; Halloween se célèbre donc le 31 octobre. C’est la fête de tout ce qui fait peur : les sorcières, les fantômes, les squelettes, les loups-garous, et de tout ce qui est horrible et repoussant, des araignées aux pierres tombales. Halloween est depuis longtemps une fête anglo-saxonne, et particulièrement américaine, qu’il est d’usage de fêter en France, en Suisse ou en Belgique depuis quelques années seulement. Devons-nous nous laisser contaminer par un folklore typiquement américain ?
Ce serait méconnaître qu’Halloween a été longtemps fêtée dans nos régions, au temps ou les cultes celtes n’avaient pas encore été remplacés par la religion chrétienne. Dans ces temps très anciens, des fêtes se tenaient en l’honneur des morts, des fantômes, des disparus et de toutes les puissances de l’au-delà, un monde qu’on connaissait bien mal, qui faisait peur, mais qu’il valait mieux respecter au cours de réjouissances qui avaient pour nom Samain. L’Eglise, ne pouvant tout à fait chasser le paganisme et les traditions celtes, récupéra cette fête sous le nom de Toussaint, la fête de tous les saints - toutes les dizaines de saints anonymes qui n’ont pas pu trouver place dans le calendrier.
La tradition veut qu’on place une bougie dans une citrouille évidée le soir d’Halloween. Ainsi se perpétue le souvenir de Jack O’Lantern, héros d’un conte irlandais. C’est aussi un bon moyen de chasser les mauvais esprits qui se promènent ce soir-là.
Sorcières d’hier et d’aujourd’hui
Les peuples et les civilisations antiques ne croyaient pas aux sorcières car ils donnaient à leurs dieux beaucoup plus d’occasions d’intervenir dans la vie des Hommes. Ils redoutaient davantage le pouvoir des magiciennes. Les sorcières telles que nous les connaissons en Europe sont indissociables des religions chrétiennes. Néanmoins, le folklore de la sorcière, malgré la confusion qui s’opère en langue française (les Anglais, par exemple, différencient sorceress de witch), est puissamment enraciné dans nos coutumes et nos imaginaires, qu’il s’agisse des contes de fées ou de la résurgence des vielles traditions comme Halloween.
Pour parler alors des toutes premieres sorcières de l’histoire de l’humanité jusqu’à aujourd’hui, il convient de s’interresser à des personnages connus sous les noms de «chammans» et de «magiciens», car c’est ainsi alors qu’on les nommaient.
Les toutes premières «sorcières» étaient alors des sages, des chammans qui au temps de la préhistoire étaient dépositaires des secrets de la nature. Respecter au sein de la tribu, ils soignaient grâce aux plantes, fabriquaient des amulettes et animaient de grandes cérémonies, appuyées par quelques sacrifices, afin que la prochaine chasse soit fructueuse. La veille d’une grande chasse, bisons et chevaux étaient peints sur les parois de la caverne, afin d’influencer le sort a son avantage.
Ainsi la magie à prit une grande place dans la vie des Hommes, et ce de tout temps et dans bien des civilisations. De la mythologie grec en passant par les croyances égyptiennes, jusqu’au druides et aux sorcières vaudou. Tentons de répertorier les sorcières les plus connues au fils des époques !
Lilith (-5000)
Lilith est un démon féminin de la tradition juive. Elle est à l'origine un démon mésopotamien. Dans les légendes juives qui se répandent au Moyen Âge, Lilith est présentée comme la première femme d'Adam, avant Ève.
Lilith serait rousse, sombre de teint, aux yeux noirs ou brun foncé ; Ève serait châtain (voire blonde) au teint et aux yeux clairs : « Je suis Ève, la claire ».
Elle constitue une figure récurrente dans les rituels magico-religieux car elle représente un danger pour les femmes enceintes et pour les enfants que l'on protège grâce à des amulettes. Une étymologie populaire relie le nom de Lilith à la racine hébraïque laylâ « nuit ». Cette mauvaise étymologie en fait un démon de la nuit. Lilith est en fait la forme hébraïque de l'akkadien lilītu, féminin de lilû. Il dérive du sumérien líl qui signifie vent. C'est à l'origine un démon mésopotamien lié au vent et à la tempête.
Lors des fouilles réalisées par l'université de Pennsylvanie dans la ville de Nippur en Babylonie, des dizaines de bols à incantations ont été découverts. Ces bols sont inscrits de textes magiques en araméen visant à assurer la protection des maisons contre des démons. Ils sont datés du VIe siècle environ, c'est-à-dire postérieurs d'une centaine d'années au Talmud de Babylone. Certains de ces textes sont dirigés contre Lilith et les Liliths. La région comptait alors une importante communauté juive mais aussi mandéenne. Ils confirment la crainte, déjà exprimée dans le Talmud, qu'inspire Lilith et sa nature démoniaque. Si elle s'attache à un humain, un guet (acte de divorce) peut être nécessaire pour la faire partir. Le sage du Ier siècle av. J.-C. Yehoshoua ben Perahya est également invoqué pour repousser Lilith.
À l'époque contemporaine, la figure de Lilith rebelle à l'autorité d'Adam et sa création simultanée à celle de l'homme ont inspiré les mouvements féministes. Dans les années 1970, certaines militantes du groupe « Choisir la cause des femmes » ont repris Lilith et son image comme porte-flambeau de leur lutte. En effet, contrairement à Ève, que la Bible présente comme ayant été conçue à partir d’une côte d’Adam afin qu’elle lui soit dépendante et donc soumise, Lilith aurait été formée à partir d’argile comme Adam et serait donc son « égale ». Ce qui placerait la femme dans un statut, non plus de subordination, mais de parité-égalité face à l’homme. Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale, stérile, là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice.
Isis (-2500-535)
Isis est la plus importante des déesses égyptiennes et c’est à elle, qui l’a inventée et pratiquée, que les Egyptiens doivent leur magie. Geb, dieu de la terre, et Noût, déesse du ciel et de la voûte étoilée, avaient eu des quadruplés : les deux filles Isis et Nephtys, les deux garçons Osiris et Seth.
Devenus adultes, ces enfants se marièrent entre eux : Isis avec Osiris et Nephtys avec Seth. Osiris et Isis régnaient en dieux sages sur l’Egypte, mais Seth était jaloux. Il tua et démembra son frère, puis cacha les différents morceaux aux quatres coins de l’Egypte. Par bonheur, Isis parvint, après une longue quête, à retrouver les morceaux et à reconstituer son corps presque en entier. Il manquait cependant un morceau, qu’elle fabriqua par des moyens connus d’elle seule, puis elle s’appliqua à rendre vie à son frère et époux, avec l’aide de Nephtys. Les deux déesses se métamorphosèrent en oiseaux et les battements de leurs ailes finirent par rendre la respiration au dieu. Mais Isis connaissait bien d’autres pratiques magiques qu’elle avait patiemment mises au point avec sa chère soeur.
Ainsi savait-elle se doter d’une escorte de scorpions qui lui obéissaient, rendre la vie aux personnes piquées par ces bêtes, faire naître des rideaux de feu, offrir à des êtres choisis par elle des pouvoirs et des protections extraordinaires... Les mères faisaient souvent appel à Isis pour préserver leurs enfants de tous les maux.
L’Egypte est certainement la première civilisation à avoir pratiqué et codifié la magie. Depuis cette lointaine période ou Isis sut agir pour son époux, les Egyptiens sont férus de magie et de pratiques occultes. Pour eux, si l’on connaît les bonnes formules et si l’on réalise les préparations adéquates, on peut toujours modifier le cours normal des événements. Ce sont les Egyptiens qui ont créé le principe de la dagyde, petite poupée représentant symboliquement une personne et sur laquelle on peut agir pour la rendre amoureuse, se venger d’elle, la faire souffrir ou même la tuer à distance.
Les pratiques magiques égyptiennes sont plutôt compliquées et précisément codifiées, riches en formules répétitives. Même si elles apparaissent curieuses à nos yeux, elles semblaient à l’époque si efficaces que des individus coupables d’avoir comploté en s’aidant de la magie furent condamnés, non pour le complot, mais pour l’utilisation de procédés interdits.
Méduse (-705-310)
Méduse faisait la fierté de toute sa famille car la jeune fille était d’une beauté sans égale. En un regard, elle pouvait charmer le coeur le plus aride. On lui promettait un bel avenir. Elle épouserait sans doute un grand homme digne de sa magnificence. Méduse vivait paisiblement auprès de ses deux soeurs, Sthéno et Euryalé. Un jour, elle alla se recueillir dans le temple de la déesse Athéna, afin de lui demander de protéger son village d’un assaut ennemi. Jaillit soudain devant elle, dans un déluge d’éclair et d’eau, le dieu Poséidon. Méduse resta pétrifiée devant l’incroyable apparition.
La beauté de Méduse était si fameuse que Poséidon était venu juger par lui-même de l’ensorcelante splendeur de la jeune fille. Le dieu des mers s’approcha d’elle et lui dit : «Les flots ne m’ont pas menti. Tu es encore plus belle qu’une déesse, jeune mortelle. Tu mérites toute mon attention !» Puis, dans un tourbillon, Poséidon l’enleva.
Au petit matin, Méduse se réveilla au milieu d’une flaque d’eau dans le temple d’Athéna. Elle y aperçut son reflet. Son opulente chevelure n’était plus qu’un amas de serpents, sifflant et crachant.
Quand elle sortit du temple, toutes les personnes qui croisèrent son regard se changèrent en pierre. Cette malédiction était le châtiment infligé par Athéna à cette pauvre mortelle qui avait osé séduire un dieu dans son propre temple. Désemparée, Méduse enveloppa ses serpents dans un linge et s’enfuit dans les montagnes ou elle se réfugia dans une grotte.
Méduse vécut ainsi loin du monde, de peur de tuer des innocents. Mais la rumeur qu’une sorcière terrifiante hantait les montagnes se répandit. Le héros Persée décida alors de l’affronter. Il demanda de l’aide à Athéna qui, ravie de cette proposition, lui offrit un bouclier et lui recommanda de l’utiliser comme un miroir pour approcher Méduse. L’astuce d’Athéna fonctionna à merveille : Persée trancha sans peine la tête de la sorcière d’un coup d’épée et retourna l’offrir à la déesse.
Yama Uba (656-953)
Yama Uba se souviendra toujours de cette nuit d’hiver ou des hommes entrèrent dans la hutte ou elle vivait avec sa mère : les cris, les supplications, les larmes et le sang. Au petit matin, la petite fille se retrouva, seule au monde, près du corps inerte de sa mère. Yama Uba pleura des jours et des jours. Les animaux sauvages furent bientôt attirés par ces gémissements. Les loups affamés s’approchèrent, les crocs saillants, prêts à dévorer cette proie facile. Mais quand les prédateurs pénétrèrent dans la hutte, ils trouvèrent une jeune louve. Ils avaient été bernés par Yama Uba dont les dons s’étaient révélés à l’approche de ce danger. Elle pouvait se transformer en ce qu’elle désirait. Yama Uba grandit ainsi en exploitant son pouvoir pour se défendre ou pour s’approcher des proies dont elle se nourrissait.
Quand elle fut plus âgée, la sorcière revêtit le kimono rouge de sa mère et fit de la forêt son royaume. Un soir d’été, alors que Yama Uba se recueillait près de l’autel qu’elle avait consacré à la défunte, elle revit un homme, semblable à ceux qui l’avaient à jamais séparée de sa mère. Un frisson de rage la traversa. La jeune fille se métamorphosa en une nymphe à la beauté ensorcelante et, sans un mot, elle attira l’homme dans sa hutte avant de le dévorer. Nombreux furent les hommes qui se laissèrent ainsi piéger par la soif de vengeance de Yama Uba. Et lorsque de plus avisés se présentaient dans sa forêt, Yama Uba se transformait en vielle femme pour les attendrir. Chaques fois, elle les dévorait, mais chaque nouvelle vengeance ne parvenait pas à apaiser sa faim.
Un matin, alors que Yama Uba savourait un voyageur imprudent, elle entendit d’étranges gémissements provenant de la charette du malheureux. Elle s’approcha et découvrit un enfant qui devait avoir l’âge qu’elle avait lorsque les hommes avaient tué sa mère. Le garçonnet la fixa intensément du regard à travers ses larmes. Attendrie, la sorcière décida de l’élever comme son propre enfant. A dater de ce jour, Yama Uba ne dévora plus personne. Elle avait retrouvé la paix et savait son fils Kintaro promis à un fabuleux destin.
La sorcière eut une vie bien remplie et éleva Kintaro au rang de héros. Un soir d’hiver, Yama Uba ferma à jamais les yeux, non loin de l’autel de sa mère, le coeur heureux de rejoindre celle qui lui avait tant manqué.
Gretchen (1305-1422)
C’était la guerre. Déjà trois ans que cela durait et personne n’en voyait le bout. Maintenant la peste avait gagné les villages. Et la folie aussi. Alors Gretchen et son mari, Frantz, décidèrent qu’elle s’exilerait avec Marcus, leur enfant chéri, dans une maison au fond des bois. Ainsi ils seraient à l’abri de la maladie et de la famine. Frantz resterait en ville pour travailler et apporterait une fois par mois des vivres et des nouvelles.
Au début, tout se passait bien. Même si la guerre continuait, même si chaque séparation d’avec Frantz était déchirante, la vie qu’ils s’étaient créée leur convenait. Mais un jour, Frantz ne revint pas. Une semaine passa, puis deux... Trois mois s’étaient écoulés et Frantz n’était toujours pas revenu : Gretchen était effondrée. Le petit Marcus avait toujours faim et les derniers vivres que Frantz avait apportés arrivaient à épuisement. Bientôt, Marcus et Gretchen n’eurent plus rien à manger.
Alors chaque matin Gretchen partait chasser, épuisée, le ventre vide, pour rapporter de quoi nourir Marcus. Mais la guerre avait décimé jusqu’au plus petit gibier : les bois étaient devenus hostiles, les terres arides, et Gretchen revenait presque toujours bredouille. Quelques baies et racines ramassées de-ci, de-là faisaient leur misérable pitance. Et puis un jour, en tentant d’attraper un lièvre, Gretchen se cassa une jambe. Elle ne pouvait plus trop s’éloigner de la maison et ses cueillettes devenaient de plus en plus maigres. Le petit Marcus, affamé, dépérissait à vue d’oeil. Un matin, Gretchen essaya désespérément de le réveiller mais il avait fini par mourir de faim.
Des jours durant, elle pleura, berçant et cajolant le corps de son enfant comme s’il était encore vivant. Epuisée, cloîtrée sans avoir avalé quoi que ce soit depuis des semaines, sa jambe cassée se gangrenant et la faisant terriblement souffrir, elle sombrait dans la folie. Puis un soir, elle croqua dedans et s’en fit un festin. Bientôt sa jambe ne lui fit plus mal, comme avant cette guerre et avant cette tristesse. Comme quand elle était encore une enfant.
Quand elle eut fini de dévorer les derniers restes de Marcus, Gretchen ne pensa bientôt plus qu’à une chose : goûter à nouveau à une chair tendre. Mais les enfants n’étaient pas légion dans ces bois. Alors avec les baies qu’elle cueillait et grâce aux savants mélanges qu’elle avait inventés, elle prépara de fabuleuses confiseries pour attirer les enfants. Elle construisit même une maison tout en sucreries !
Et les proies mordirent à l’hameçon. Chaque fois, Gretchen s’en faisait un festin extraordinaire. Des blondinettes grillées à la citronnelle, du travers de jumeaux au miel, des filets de petits mignons... Elle les faisait mijoter des heures durant. C’était l’euphorie. A chaque nouveau festin, Gretchen se sentait plus jeune, plus fraîche, plus forte. Sa maison et ses sucreries devenaient de plus en plus irrésistibles.
Jusqu’au jour ou deux jeunes enfants du nom de Hansel et Gretel, vinrent grignoter sa porte. Ils étaient si maigres qu’elle ne put se résoudre à les manger. Elle n’aurait même pas pu en faire un seul repas digne de ce nom ! Elle enferma donc le garçon dans une cage afin de l’engraisser et fit de sa soeur une servante. Mais les deux petits ingrats piégèrent Gretchen. Il faut dire qu’elle avait près de cent dix-sept ans et une assez mauvaise vue ! Ils la firent trébucher dans le poêle et la sorcière grilla, comme elle avait fait griller tous les petits enfants avant elle.
Jeanne d’Arc (1412-1431)
« Jeanne, notre enfant, libère le royaume des envahisseurs et conduit le dauphin sur le trône. »
C’est à ces mots que, chaque matin depuis ses treize ans, Jeanne se réveillait. Mais lorsqu’elle ouvrait les yeux, elle était seule. Parfois, ces voix, elle les entendait même éveillée lorsque quelqu’un lui parlait. Ces ordres résonnaient dans sa tête. Et plus Jeanne avançait en âge, plus les voix se faisaient insistantes. Elles l’assaillaient sans lui laisser de répit. Le pays était alors en guerre depuis près d’un siècle. Un jour, elle ne put plus ignorer les voix : Jeanne obéit et partit.
Elle se présenta alors aux troupes du dauphin Charles et proclama : « Je suis Jeanne d’Arc. Je viens libérer la France des Anglais. Des voix me l’ont ordonné. » Les gardes rirent et la rejetèrent par deux fois, mais la demoiselle ne se démonta pas. La frêle jeune fille se présenta, pleine de conviction. Elle disait entendre des voix et annonçait la libération des villes d’Orléans et de Paris et le sacre du dauphin à Reims. Toutes ces promesses, c’est ce dont rêvait le peuple depuis si longtemps. Jeanne sut charmer et galvaniser les foules. Quand elle revint se présenter devant les soldats, elle n’était plus seule. Tous les habitants criaient et scandaient son nom. Devant une telle ferveur populaire, le capitaine accorda à Jeanne une escorte pour la conduire devant le dauphin.
La rumeur avait précédé la venue de Jehanne. Les conseillers de Charles, qui craignaient l’arrivée de cette sorcière, organisèrent une ruse pour la duper. Un homme de la cour prit tenue et place du dauphin. Mais Jeanne s’adressa directement au véritable dauphin caché dans la foule. Elle lui expliqua sa mission avec le même élan qu’elle avait manifesté aux villageois. Après bien des tests et sous la pression du peuple, Charles accorda finalement sa confiance à Jeanne et lui donna une armée. On l’équipa d’une armure et d’une bannière blanche frappée de la fleur de lys sur laquelle elle inscrivit «Jesus Maria». Toujours guidée par ces voix qu’elle était seule à entendre, elle partit pour Orléans accompagnée de ses frères d’armes.
Malgré la réticence des capitaines, Jeanne mena ses troupes et frappa chaque fois là ou personne ne s’y attendait. Elle ne suivait aucune logique militaire. Grâce à ses pouvoirs, elle supporta bien des blessures et jamais ne faiblit. La jeune femme remporta d’extraordinaires victoires en des lieux ou les sièges n’avaient jamais trouvé de répit. Et bientôt, comme elle l’avait toujours prédit, le dauphin Charles fut couronné à Reims. Jeanne, guidée par ses voix, continua sa mission et prit la route de Compiègne. Mais une fois sur le trône, le roi l’abandonna. Se retrouvant avec une armée amoindrie, la jeune fille fut capturée par les Anglais le 23 mai 1430. Le tribunal lui reprocha par défaut de porter des habits d’homme, d’avoir quitté ses parents sans qu’ils lui aient donné congé, et surtout de s’en remettre systématiquement à ses voix inspirées par le démon. Jeanne fut jugée coupable d’être menteuse, hérétique, et surtout d’être une sorcière, et fut condamnée au bûcher. Elle fut brûlée vive le 30 mai 1431, à Rouen. Finalement, cinq siècles plus tard, elle fut canonisée.
Circé
Magicienne de l'île Æaea, Circé est la fille d'Hélios et de l'océanide, Perséis (ou Persé) donc la soeur de Aeétès et de Pasiphaé, ou bien selon Diodore la fille d’Aeétès et d’Hécate. Circé dont le nom en grec signifie "oiseau de proie" était douée de pouvoirs extraordinaires, capable de faire descendre les étoiles du ciel, mais elle excellait dans la préparation de philtres, de poisons et de breuvages de toutes sortes, propres à transformer les êtres humains en animaux. Elle habitait avec ses nymphes sur l'île Æaea (ou trouve aussi les graphies Aeaea, Aiaia, Ééa) qui se situerait vers l'Occident, près des côtes tyrrhéniennes.
Selon Homère elle s'était réfugiée sur l’île d'Aeaea après avoir empoisonné son mari, le roi des Sarmates. Elle habitait un palais magnifique où tous les ustensiles étaient d'or, les tables d’argent et les tapis teints de pourpre; des loups et des lions qu'elle avait apprivoisés, pauvres navigateurs qu'elle avait transformés par ses breuvages magiques, se promenaient à l’intérieur sans faire montre d'agressivité. Elle chantait en tissant sur un immense métier à tisser magique de riches étoffes. Le poète Denys de Milet raconte une histoire identique: elle essaya sur son époux, le roi des Sarmates, un sort maléfique qui l'empoisonna. Détestée par ses sujets, elle dut s'enfuir sur le char de son père.
Mais il faut remarquer que les auteurs romains la font beaucoup plus terrible.
Circé aux belles boucles était autant redoutable par sa beauté et que par ses sortilèges et ses philtres magiques. Un jour le dieu marin Glaucos vint la trouver pour lui demander un philtre capable de rendre amoureuse la jeune et belle Scylla, qui demeurait insensible à ses avances mais Circé tomba amoureuse du dieu et changea Scylla en un monstre repoussant. Picus, fils de Saturne, régnait dans l'Ausonie, coupable à ses yeux d'avoir repoussé son amour pour celui de Canente, fut transformé en pivert. Circé joua aussi un rôle dans la légende des Argonautes où elle parait comme la sœur (ou la fille) d'Aeétès, roi de Colchide. Elle refusa de purifier Médée et Jason du crime horrible de son frère Apsyrtos. Selon d'autres elle les purifia puis les chassa aussitôt. Selon l'Odyssée, Ulysse débarqua sur l'île Aeaea et envoya vingt trois compagnons à sa découverte ; ils furent changés par la déesse en pourceaux âgés de neuf ans, sauf Euryloque qui réussit à venir l'avertir. Le héros décida d'aller retrouver ses compagnons disparus. Le héros, guidé par Hermès qui lui conseilla de mélanger à son breuvage la plante magique appelée moly. Selon Ptolémée Héphestion le moly naquit du sang d’un géant que Circé (ou Médée) tua avec le secours du Soleil.
Le dieu lui précise aussi qu'il peut se faire aimer de "Circé aux belles boucles" en lui faisant promettre que s'il entrait dans son lit elle ne tenterait rien contre lui.
Circé l'invita à sa table et lui offre du cycéon dans lequel elle a versé un philtre. Ulysse réussit à plonger dans sa coupe le moly qui effectivement contrecarra les effets du poison. Puis brandissant son glaive il lui dicta ses conditions : elle ne devait rien entreprendre qui lui portât préjudice et Circé jura sur le Styx; il obtint aussi que ses compagnons puissent reprendre leur forme humaine. Toutefois l'un d'eux, Gryllos, cité par Plutarque, refusa de redevenir humain. Dans « Les animaux usent de la raison » Plutarque imagine un dialogue entre Ulysse et Gryllos, où ce dernier explique pourquoi il préfère rester dans la peau d'un cochon. S'ensuivent des comparaisons entre les hommes et les animaux, leur vertu, leur courage, leur hardiesse ou leur intelligence.
Elpénor fut le seul à mourir sur l'île en tombant d'une terrasse parce qu'il avait trop bu; Ulysse rencontrera son ombre aux Enfers qui lui réclamera des honneurs funèbres. Au bout d'un an Ulysse voulut retourner à Ithaque. La magicienne lui traça la route, lui conseilla de consulter l'ombre de Tirésias aux Enfers et lui apprit comment éviter les prochains dangers qui le guettaient.
Médée
Dans la mythologie grecque, Médée est la fille d'Éétès (roi de Colchide) et d'Idyie (la plus jeune des Océanides). Le nom de Médée est issu du verbe grec mêdomai (« méditer »), issu de la racine d'origine peut-être médique « med » : comprendre, concevoir. Ce nom révèle peut-être le savoir ou la capacité à raisonner de ce personnage. Elle est magicienne, comme sa tante Circé que l'on retrouve par exemple dans l’Odyssée d'Homère. Dans sa version classique, associée notamment à la tragédie d'Euripide et à Apollonios de Rhodes, la légende de Médée, particulièrement sombre, est constituée d'une succession de meurtres ponctuée d'une série de fuites. C'est pour cela qu'elle a accompli un voyage à travers toute la Grèce antique. Sa vengeance meurtrière a donné naissance au complexe de Médée. Il semble que les premières variantes du mythe n'aient pas toutes été aussi négatives sur le compte de Médée.
L'histoire de Médée débute avec l'arrivée des Argonautes en Colchide. Ceux-ci recherchent la Toison d'or sous le commandement de Jason (la quête ayant été initiée par son oncle Pélias, roi usurpateur d'Iolcos). La Toison est détenue par le roi de Colchide, Éétès, père de Médée, qui accepte de la céder si les héros accomplissent certaines tâches apparemment impossibles.
Or Médée tombe amoureuse de Jason, charmée par sa détresse. Le héros convoite surtout l'aide providentielle que ses pouvoirs pourraient lui apporter, ainsi cède-t-il à ses charmes. C'est ainsi que les Argonautes peuvent triompher des différentes embûches et conquérir la Toison d'or, avant de fuir vers l'ouest du Pont Euxin.
Furieux, Éétès, qui n'a pas l'intention de laisser échapper la Toison, entreprend de les poursuivre avec sa flotte. Médée favorise alors la fuite des Argonautes en tuant et dépeçant, son propre frère cadet Absyrtos, coupé en morceaux qu'elle sème derrière elle, retardant ainsi les poursuivants qui s'arrêtent à chaque fois pour les récupérer et offrir à l'héritier du trône une sépulture digne.
De retour à Iolcos, Jason constate que Pélias a profité de son absence pour tuer son père et se débarrasser de sa famille. Il demande donc à Médée de préparer une vengeance. Les filles de Pélias désireuses de faire rajeunir leur père, demandent conseil à Médée. Celle-ci leur fait une démonstration : avec un bélier qu'elle coupe en morceaux et qu'elle fait bouillir dans une marmite en prononçant des incantations, elle fait ressortir de la marmite un agneau. Elle suggère alors aux filles de Pélias d'en faire autant avec leur père. Ces dernières s'exécutent. Cependant, Médée reste muette et ne prononce pas les incantations.
Jason et Médée sont bannis d'Iolcos par Acaste, fils de Pélias ; ils se réfugient alors à Corinthe, où ils sont accueillis par le roi Créon. Mais Jason tombe amoureux de la fille du roi, Créuse, et il se marie avec elle, répudiant Médée. Celle-ci se venge en tuant sa rivale : elle lui offre une tunique magique qui la brûle ainsi que son père, puis incendie le palais. Elle tue ensuite de ses mains les enfants qu'elle avait eus avec Jason (Merméros et Phérès).
Médée, menacée par les Corinthiens, s'enfuit et trouve refuge auprès d'Égée, roi d'Athènes : elle lui promet ce qu'il convoite le plus — un fils —, et il accepte de l'épouser. Un enfant, Médos, naîtra effectivement peu après, pour qui Médée nourrira un destin royal ; cependant, l'arrivée de Thésée à Athènes bouleverse ses plans et la dresse contre le nouveau-venu. Après plusieurs tentatives infructueuses, Médée réussit à convaincre son époux que Thésée est un imposteur, et qu'il convient de l'empoisonner : le drame est évité de justesse, Égée reconnaissant au dernier moment son fils à son épée et à ses sandales qu'il lui avait léguées. Folle de rage, elle s'empare alors du trésor d'Athènes, plusieurs tonnes de diamants. Dans sa fuite sur son char de feu tiré par des cobras, elle laisse échapper la moitié du trésor royal. Découverte, Médée doit fuir Athènes avec son fils Médos.
Médée rentre alors vers sa Colchide natale. Là, elle trouve sur le trône Persès, son oncle, qui avait détrôné son père après la fuite des Argonautes. Elle le tue et restitue le pouvoir à son père, Éétès.
Lisbeth (1975)
Née dans une famille de riches commerçants londoniens, Lisbeth a grandi livrée à elle-même par des parents trop occupés à gérer leur entreprise. Sa prédisposition naturelle pour la prémonition lui joua de bien mauvais tours et l’isola encore un peu plus du reste du monde. Lisbeth avait dix ans quand elle prit pleine possession de ses pouvoirs. Ce jour-là, elle sauva d’une mort certaine Edward, le petit voisin de sa grand-mère. Le garçon, qui en pinçait pour Lisbeth, était tombé dans une crevasse profonde en allant chercher un ellébore, l’unique fleur qui manquait à leur herbier. La jeune sorcière réussit à le retrouver grâce à une vision et à son don qui lui permettait de communiquer avec les animaux. Des corbeaux aux yeux perçants lui indiquèrent la crevasse exacte dans laquelle Edward était tombé.
Ce sauvetage avait scellé le destin de Lisbeth. A dater de ce jour, elle décida de mettre son talent au service des autres : elle aidait ses camarades quand ils avaient un petit souci, elle retrouvait des chiens qui avaient fugué ou ramenait chez elles des grands-mères égarées. En grandissant, les dispositions de prémonition de Lisbeth se renforcèrent encore et le 25 novembre 1998, Lisbeth entra dans la police scientifique comme profileur. Elle aida à résoudre les enquêtes les plus difficiles et à débusquer les plus dangereux criminels.
D’autres sorcières : Dans les contes et légendes
Dans les légendes arthuriennes :
Morgane :
Demi-soeur du roi Arthur, elle étudie dès son enfance, travaille aux choses de la magie, devient une femme hautement versée dans les arts occultes, la médecine, la poésie, l’astrologie. Elle connaît les herbes et les onguents pour soigner les blessures les plus graves. Merlin en personne lui enseigne nombre de ses connaissances. Cette princesse brune, belle et sensuelle, découvre le grand amour, mais elle est trahie et devient alors dure et amère. Elle est difficilement supportée à la cour d’Arthur, aussi passe-t-elle désormais à Brocéliande la plus grande partie de son temps. Déesse hivernale des ténèbres et de la mort, elle y peaufine ses dons magiques et attire les chevaliers vers le Val sans Retour : seuls ceux qui sont fidèles à leur dame pourront quitter ce lieu étrange et merveilleux entouré d’une muraille invisible et infranchissable. Mais ils ne sont guère nombreux. En quelques années, deux cents chevaliers, tombés sous le charme et les pièges amoureux de l’enchanteresse, demeurent prisonniers au Val sans Retour. C’est finalement Lancelot, fidèle à l’amour de sa dame, qui saura les délivrer. Certains textes font de Morgane un personnage clé de la légende arthurienne : blessé par Mordred dans sa dernière bataille, Arthur aurait été recueilli par sa demi-soeur puis emporté dans l’île d’Avalon. Là, il aurait guéri de ses blessures. Morgane lui aurait offert l’hospitalité jusqu’au jour ou Arthur serait retourné en Bretagne pour réunir les Celtes et restaurer son royaume.
Brocéliande :
La plus magique des forêts, au coeur des légendes arthuriennes, se trouve en Bretagne. Elle est épaisse et emplie de sortilèges. Merlin y est éduqué dans son enfance, avant d’y accomplir maint exploit magique. L’enchanteresse Viviane l’y enferme dans un château d’air ou de cristal. Pour sa part, l’enchanteresse Morgane y attire les chevaliers dans le Val sans Retour, après leur avoir fait boire à la Fontaine de l’Oubli. On pense que Brocéliande abrite toujours le tombeau de Merlin. De nos jours, cette forêt est connue sous le nom de forêt de Paimpont. Elle est de taille beaucoup plus modeste qu’aux temps chevaleresques.
Baba Yaga :
Sorcière vivant à l’orée de la forêt dans une maison à patte de poule. Vous ne pouvez traverser la forêt sans qu’elle vous voie. Elle dirige tous les êtres de la forêt, du ciel et de l’eau. C’est elle qui garde les clefs du soleil. Elle vous met à l’épreuve en vous posant des questions ou en vous faisant faire de durs travaux. Si vous réussissez, elle peut vous aider à accomplir votre voyage, sinon, elle peut vous manger.
Macbeth et les sorcières :
Dans sa tragédie Macbeth, William Shakespeare met en scène trois sorcières qui scandent l’action de la pièce. Dans la première scène de l’acte IV, elles s’installent aux abords de leur caverne et, puisque le bon moment semble venu, se lancent dans la préparation d’une étrange mixture, bien dans l’esprit des sorcières du XVIe siècle, à l’époque de Shakespeare. On voit donc dans cette scène la préparation de ce brouet d’enfer. Puis, à la demande de Macbeth et avec d’autres sortilèges appropriés, les sorcières font apparaître une tête spectrale qui va transmettre à Macbeth le message qu’il veut entendre. Ce genre d’apparition diabolique fait partie des compétences évidentes des sorcières, dans l’esprit de l’époque. Et pas seulement sur une scène de théâtre....
Extrait de la scène :
« 1ère sorcière : Le chat tigré a miaulé trois fois.
2eme sorcière : Le hérisson a geint trois fois plus une.
3eme sorcière : La chouette harpie crie : «C’est l’heure, c’est l’heure !»
1ere sorcière : Faites la ronde autour du chaudron et jetez-y des tripes pourries. Faites d’abord bouillir dans le pot magique le crapaud qui pendant trente et un jours et autant de nuits, sous la pierre glaciale, suinte son venin.
Toutes les trois : Double travail et trouble double : le feu flambe, le chaudron bout ! »
L'origine des sorcières dans les contes des frères Grimm :
Les frères Grimm sont à l'origine des premières sorcières des contes, même si de nombreux pays après eux ont développés plusieurs versions de ses derniers. Quoi qu'il en soit, dans chaque histoire, la sorcière est vieille et moche, souvent parsemée de pustules hideux et se tient perchée sur un balais de bois. La sorcière est également au fin fond d'une forêt, lieu où elle attend patiemment qu'un enfant y passe pour en faire son quatre heures et ainsi retrouver un semblant de beauté et de jeunesse.
Les Grimm ont été les premiers à avancer que les contes confondus n'étaient pas des histoires individuelles, mais bel et bien des contes collectifs. Ils n'ont pas hésité à partir à la recherche des mythes allemands, mais l'origine de leurs contes reste tout de même confuse. Ils étaient timides et n'ont pas fait le tour des contrées comme on aimait à le penser pour récolter de fameuses histoires, il est avéré que des jeunes conteuses venaient à eux, c'est d'ailleurs ainsi qu'ils ont découvert le fameux conte d'Hansel et Gretel.
Les origines de cette histoire ont l'Italie pour base, mais l'apport le plus important vient bel et bien de France, puisque les frères sans s'en apercevoir se seraient inspirés du conte 'Le petit poucet'. Il faut tout de même savoir qu'il existait des représentations de sorcière à l'antiquité déjà. Certains pensent que les sorcières dans les contes sont le produit d'une diabolisation par le christianisme des anciennes déesses païennes, on retrouve des traces de ses divinités nocturnes chez les Celtes d'ailleurs. Tout se rejoint finalement.
Mais cela ne change rien, puisque le conte d'Hansel et Gretel est un des contes les plus connus à travers le monde.
Dans les contes français, la sorcière n'existait pas, il s'agissait plutôt de bonnes ou de mauvaises fées, comme quoi, tout évolue au fil des siècles. Cela ne les empêchait pas d'être profondément méchantes.
Le thème récurent dans les contes Grimm, autant que dans les autres d'ailleurs, c'est que les sorcières volent, souvent à l'aide d'un balais et doivent manger des enfants pour survivre. Ce serait-là une facette démoniaque de la sorcière et en quelque sorte une représentation de la grande mortalité des enfants. La médecine d'autrefois n'était en effet pas assez développé et il faut également avouer que les médecins et autres praticiens n'avaient pas une hygiène parfaite, loin de la même puisqu'ils pratiquaient des autopsies ou touchaient des morts et allaient tout de suite après donner naissance à un enfant sans s'être entre temps lavés les mains. Une énorme erreur dont ils n'ont eu conscience que bien plus tard et après bien des morts.
Le cannibalisme est également un élément clef dans de nombreux contes de sorcières et cela est tiré d'une réalité historique puisque jusqu'aux début des temps modernes, on reprochait aux femmes accusées de sorcellerie d'avoir tué et mangé des personnes.
Aujourd'hui, la sorcière n'est plus ce qu'elle était puisqu'elle est non seulement représentée sous des traits bien plus délicats, mais a laissé ses attributs derrière elle, comme son balais par exemple. Elle est souvent décrite comme bonne et même quelques-fois inoffensive, prenons pour exemple la saga Harry potter. Elle reste tout de même complexe, mystérieuse, puissante et intéressante, elle continue à fasciner, tout simplement.
Dame Trude, la sorcière : un conte des frères Grimm
Il était une fois une petite fille extrêmement têtue et imprudente qui n'écoutait pas ses parents et qui n'obéissait pas quand ils lui avaient dit quelque chose. Pensez-vous que cela pouvait bien tourner?
Un jour, la fillette dit à ses parents: « J'ai tellement entendu parler de Dame Trude que je veux une fois aller chez elle: il paraît que c'est fantastique et qu'il y a tant de choses étranges dans sa maison, alors la curiosité me démange. »
Les parents le lui défendirent rigoureusement et lui dirent: « Écoute: Dame Trude est une mauvaise femme qui pratique toutes sortes de choses méchantes et impies; si tu y vas, tu ne seras plus notre enfant! »
La fillette se moqua de la défense de ses parents et alla quand même là-bas. Quand elle arriva chez Dame Trude, la vieille lui demanda:
- Pourquoi es-tu si pâle?
- Oh! dit-elle en tremblant de tout son corps, c'est que j'ai eu si peur de ce que j'ai vu.
- Et qu'est-ce que tu as vu? demanda la vieille.
- J'ai vu sur votre seuil un homme noir, dit la fillette.
- C'était un charbonnier, dit la vieille.
- Après, j'ai vu un homme vert, dit la fillette.
- Un chasseur dans son uniforme, dit la vieille.
- Après, j'ai vu un homme tout rouge de sang.
- C'était un boucher, dit la vieille.
- Ah! Dame Trude, dans mon épouvante, j'ai regardé par la fenêtre chez vous, mais je ne vous ai pas vue: j'ai vu le Diable en personne avec une tête de feu.
- Oh oh! dit la vieille, ainsi tu as vu la sorcière dans toute sa splendeur! Et cela, je l'attendais et je le désirais de toi depuis longtemps: maintenant tu vas me réjouir.
Elle transforma la fillette en une grosse bûche qu'elle jeta au feu, et quand la bûche fut bien prise et en train de flamber, Dame Trude s'assit devant et s'y chauffa délicieusement en disant: « Oh! le bon feu, comme il flambe bien clair pour une fois! »
La sorcière au Japon :
Yōkai (妖怪) est un terme générique qui désigne de manière générale les créatures fantastiques du folklore japonais. Ils sont plus aux yeux des japonais des esprits de toutes sortes plutôt que des monstres au sens occidental.
Sous cette vaste appellation, on trouvera différents types, notamment :
- Des monstres tels que l'oni et le kappa.
- Des démons comme le mokumokuren ou bien le zashiki-warashi.
- Des divinités locales telles que le tengu.
- Des tsukumogami, objets dotés d'une âme.
- Des animaux fabuleux tels que la nue.
- Des animaux métamorphes tels que le kitsune (renard) et l'inugami (chien).
Chaques Yokai à un nom bien à lui. On peut trouver dans le folklore japonais des yokai assez étrange et amusant comme le Ittan-momen - rouleau de coton possédé qui tente d'étouffer les gens en s'enroulant autour de leurs visages, le Shirōneri - moustiques possédés qui s'incrustent dans les vêtements poussiéreux, ou encore le Uma-no-ashi, jambe d'un cheval qui pend à un arbre et donne des coups de pied aux passants. Parmis ces nombreux Yokai, il en éxiste plusieurs apparentés à nos sorcières occidentales, tel que la Sunakake Baba – une sorcière qui utilise du sable, ou bien encore la « sorcière chat » puis la « sorcière au long cou ».
Bonjour, merci beaucoup pour votre partage très précieux, riche et informatif !
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